Sécheresse Encore une année difficile pour une partie de la France
Tension. Désormais récurrentes dans l’Est et le Centre-Est, les sécheresses et les canicules remettent en cause les systèmes de production et usent les éleveurs.
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En Bourgogne, les pluies orageuses d’août, hétérogènes selon les zones, ont sauvé une partie des maïs. Mais dans certains endroits, le mal était déjà fait : sur le plateau du Châtillonnais (Côte-d’Or), des maïs ensilés début août n’ont pas rendu plus de 5 t de MS/ha. « Avec deux années fourragères sur trois délicates, la situation des exploitations devient difficile », indique Frank Lavedrine, chez Alysé.
Situation similaire en Lorraine. « On va vers un gros déficit de grains », s’inquiète Dominique Hirtzberger, éleveur à Mance (Meurthe-et-Moselle) qui ensile début septembre. Les maïs ont végété dès le départ, à cause du froid puis du sec et des coups de chaud fin juin et mi-juillet. Ils ne dépassent pas 1,70 m. Pour combler le déficit fourrager et éviter des achats de coproduits dont les prix risquent de flamber, l’agriculteur a semé, début août, 60 ha de pois-avoine. Il espère également récolter, en mai prochain, des méteils d’automne (triticale-pois-vesce). « Avec trois années sur quatre de mauvaise récolte, la question de remplacer une partie des maïs coûteux par des cultures à récolter au printemps se pose. »
Chez Fabrice Gauthier, à Mazille (Saône-et-Loire), l’un des deux silos d’herbe prévus pour cet hiver est déjà consommé. Sur 15 ha de maïs (la moitié de la sole), le potentiel de grains a été réduit de 50 à 60 % à cause des grosses chaleurs (40 °C) en pleine floraison. Les pertes de récolte et les achats de fourrages déjà effectués pour nourrir les laitières (maïs, pommes de terre, drêches de brasserie…) se chiffrent autour de 30 000 € (1). Cette grosse facture s’ajoute à celle de l’an dernier (45 000 €) pour laquelle l’éleveur n’a reçu que 400 € d’aides de la Région !
« On est sous tension »
« En voulant maintenir à tout prix notre volume de production, nous sommes passés à côté des aides du fonds de calamité, explique l’éleveur (80 prim’holsteins à 8 000 kg sur 100 ha, dont la moitié en prairies permanentes). Désormais, il n’est plus question d’aller chercher les derniers litres pour faire la référence, ni de faire des vêlages entre le 20 juillet et le 15 août, pour suivre la demande de la laiterie Sodiaal en lait d’été. » Pour dégager du maïs pour les vaches et sécuriser son système, Fabrice Gauthier supprime son atelier de taurillons (20 à 30 par an) et implante de nouvelles cultures. Outre davantage de luzerne, il a semé 12 ha de sorgho multicoupe à ensiler fin septembre pour les génisses. « À l’avenir, il faudra faire du stock, même si les silos sont pleins, en saisissant la moindre opportunité climatique. » À 43 ans, l’éleveur estime que le contexte devient particulièrement démotivant. « On est toujours sous tension. »
Anne Bréhier(1) Hors coûts indirects (avortements, retour en chaleur…).
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